« L'accord sera long et difficile à réaliser » déclare Georges Bidault »

qui insiste sur la nécessité de parvenir à un règlement politique allemand avant de prendre des décisions de détail

Samedi 6/4/1947

(De notre envoyé spécial à Moscou, Georges Le Brun Keris)

La conférence de Moscou traverse à nouveau une période morte. L'organisation politique de l'Allemagne, quelle que soit l'importance de cette question, n'a pas le caractère immédiat, impératif des problèmes économiques. De la solution donnée à ces derniers, dépend le salut de plusieurs pays. Cela, Georges Bidault le confirmait encore hier matin, dans une réunion intime pour la presse française.

C'est dire que nous devons attendre la reprise des conversations économiques pour que la conférence retrouve vie. Cette reprise aura-t-elle lieu bientôt ? Certainement, mais le malheur est qu'on ne voit pas encore sur quelles bases. Sans doute le général Marshall vient-il de faire connaître aux journalistes américains la suggestion qui, selon lui, permettrait de réduire certaine des contradictions dans lesquelles on se trouve enfermé.

L'économie de cette proposition est la suivante : Si on relève le niveau industriel allemand, aucune des usines qui devraient être, en application des accords de Potsdam, remises aux ayants droit à titre de réparation, ne le seront plus. Pour compenser ce manque à gagner, une part proportionnelle des réparations sur la production courante pourrait être versée aux ayants droit. En quelque sorte, ceux-ci, au lieu de toucher un capital, en recevrait le revenu. Toutefois, d'aucun prétendent que cette suggestion a déjà été faite par le délégué américain à la réunion secrète de mardi. Étant donné le résultat négatif de cette séance, cet assouplissement de la politique américaine n'aurait pourtant pas réussi à relancer le débat.

Georges Bidault évoquait cette image vendredi matin : Pour faire tomber les murailles de Jéricho, la procession des trompettes a dû en parcourir sept fois le tour. On a l'impression que plus personne n'est vraiment maître de débroussailler l'écheveau des questions, tant elles sont emmêlées les unes dans les autres Les solutions de toutes dépendent du résultat de chacune.